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L'Orphéon et son histoire

Dernière mise à jour : 1 mai 2019

Bernard BENETEAU.


Depuis quelques temps déjà je voulais faire un film sur l’histoire de Salies et je me demandais bien comment aborder le sujet. Chacun sait qu’un vieillard qui meurt est un livre qui se ferme et je décidai alors de rechercher parmi les centenaires de Salies pour raconter un de ces livres avant qu’il ne se ferme. Alors que les EHPAD de la ville me proposaient des sujets intéressants je fis la rencontre d’un membre des Amis du Vieux Salies qui me mit sur la voie d’un vieillard plus que centenaire, plus vieux même que la célèbre doyenne des français Jeanne Calman. …Dans la cité du sel vit un centenaire de … 156 ans ! Très excité par cette annonce je fis alors toutes les démarches nécessaires pour rencontrer ce

phénomène que l’on m’avait situé vivant encore à domicile, dans un local spécialement aménagé pour lui dans l’ancienne gare de Salies-de-Béarn. Quand j’ouvris la porte et que je vis ce vieillard plein de sérénité j’eus tout de suite l’image d’un arbre très imposant, un chêne majestueux avec ses vieilles branches, certaines moussues, d’autres vermoulues, l’ensemble semblant programmé pour vivre encore longtemps. Autour de lui, plusieurs spécialistes en généalogie, en sénescence botanique, m’assurèrent que, parfois, lorsque le vent des Pyrénées ou celui du Pays basque agite les petites feuilles dentelées de l’arbre, on entend des mélodies racontant l’histoire du Béarn, des mélodies que les Salisiens aimaient

tant lorsque, autrefois, devant la cheminée ou à la fin d’un banquet, les plus belles voix invitaient l’assistance à chanter. Le spécialiste en généalogie m’assura que le centenaire était né du côté de Castagnède, vers 1858 mais sans avoir la date exacte de sa naissance puisque que son acte de naissance a péri dans un incendie à la préfecture. Il me donna quelques renseignements sur le père présumé mais aucun sur l’identité de la mère, à croire même que nous étions dans le cadre d’une génération spontanée … Depuis sa naissance notre vieil arbre chanta, chanta. Il chanta le Béarn, le Pays basque et même parfois des chansons françaises ou empruntées au jazz américain. Les années passèrent et rien ne

semblait pouvoir l’arrêter de chanter. Au début du XIXème siècle un phénomène bizarre se produisit. Les vieilles branches s’en souviennent encore. Un jour, c’était au mois de mai, un petit bouton de fleur, tout petit, apparut sur le gros tronc de l’arbre. Personne n’a jamais vu un petit bouton de fleur pousser sur le tronc d’un chêne. Les vieilles branches regardèrent cela avec incrédulité d’abord, puis avec de plus en plus de curiosité. Un conseil des vieilles branches eut même lieu et donna son diagnostic impitoyable : il s’agissait bien d’un Organisme Génétiquement Modifié, un OGM comme disent certains spécialistes

installés dans la région. Les vieilles branches finirent par accepter leur petit bouton de fleur, ils le protégèrent, ils commencèrent même à l’admirer quand, certains soirs, lorsque le vent soufflait dans leurs feuilles, leur petit bouton émit quelques notes de musique, complètement en harmonie avec leur mélodie. Et les années passèrent. Les feuilles chantaient, le petit bouton les accompagnait avec ses notes de musique. Il y a environ deux ans un nouveau phénomène se produisit, aussi exceptionnel que le premier. Une poussée de sève, inattendue chez un vieillard de cet âge, déclencha la croissance d’une dizaine de gourmands tout autour du pied de l’arbre. On voit bien des gourmands au pied d ’un pommier ou d’un prunier, mais jamais d’un chêne. Et simultanément, peut être grâce à cette poussée de sève, le petit bouton se mit à déployer un premier pétale, puis un second, puis toute sa corolle d’un blanc rosé. La jolie fleur toute déployée sympathisa avec un gourmand et ils décidèrent, tous les deux, de magnifier ce vieux chêne en le faisant chanter encore plus haut, encore plus fort, en donnant aux vieilles branches le sens de la mesure. Un sacré challenge que les vieilles branches eurent un peu de mal à accepter au début mais le petit bouton devenu grand et son gourmand s’en aperçurent etdécidèrent de les doper (attention, pas avec une quelconque drogue illicite) avec un nouveau produit en vente libre sur le marché : le MP3. Le MP3 s’administre en une seule dose hebdomadaire mais le patient peut avaler la dose en plusieurs prises, au gré de son état. Chaque branche reçoit le MP3 à son domicile, via internet. L’efficacité est réelle et elle se voit lorsque toutes les branches, les vieilles et les jeunes, se réunissent, souvent le mardi soir parce que les vieilles branches avaient cette habitude-là. Ces soirs-là on dirait que le vieux chêne imite les nombreux curistes de la cité en faisant une cure de … jouvence. C’est au travers de l’histoire de ce petit bouton devenu une très belle fleur que je vais vous raconter, avec des images, l’existence de ce centenaire que j’ai découvert à Salies-de-Béarn et qui, d’après ce que j’ai pu ressentir au cours du tournage, n’est pas prêt de refermer le livre de sa vie.


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